Les pandores apprécient peu Brassens, du moins si on en croit Ouest France qui nous narre cette histoire : Condamné pour avoir chanté du Brassens
Dans la nuit du 24 juillet 2009, un Rennais de 27 ans avait chanté Hécatombe,de Brassens, dans laquelle il est question de « mégères gendarmicides ». Et ce, depuis la fenêtre d’un appartement de Cherbourg.
Le public ? Trois policiers qui n’ont pas apprécié.
Ivre, le fan de Brassens est interpellé. Hier, il a reconnu les faits : « Mais ce n’était pas directement destiné aux policiers. » L’avocat de la défense a rejoint le procureur : « Tout le monde n’a pas le talent de Brassens. Mon client avait bu. »
Morceau d’anthologie à apprécier comme il se doit si comme nous vous n’appréciez que modérément les cognes et autres chaussures à clous
In fine, le trait d’humour involontaire du procureur, garant, comme les pandores, des libertés fondamentales de notre république : « Interpréter cette chanson devant un miroir, pourquoi pas… Devant des policiers, c’est un outrage »
Miroir, miroir, dis-nous qui est vraiment le plus con dans cette histoire ? Le chanteur, les poulets ou le procureur ?
Paroles puis musique, vous êtes gâtés mes p’tits cafards !
Hécatombe de Georges Brassens (1953)
Au marché de Brive-la-Gaillarde
À propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon.
À pied, à cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée.
Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C'est un usag' bien établi,
Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie.
Ces furies perdant toute mesure
Se ruèrent sur les guignols,
Et donnèrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol.
En voyant ces braves pandores
Être à deux doigts de succomber,
Moi, j'bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées.
De la mansarde où je réside
J'excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant :"Hip, hip, hip, hourra !"
Frénétiqu' l'une d'elle attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier : "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie !"
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ces lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu'elle serre comme un étau.
La plus grasse de ces femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grands coups de mamelles
Ceux qui passent à sa portée.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus belle de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons,
Ces furies – à peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas –
Leur auraient même coupé les choses,
Par bonheur ils n'en avaient pas.
Rompez, vous pouvez fumer !